Le chiffre de Vernam est considéré comme une amélioration significative du chiffre de Vigenère car cet algorithme de chiffrement est théoriquement impossible à casser. Cependant, aucuns systèmes de chiffrement n'est parfait, et même si ce dernier semble sécurisé, il n'est pas toujours facile de remplir les conditions pour avoir un message chiffré totalement sûr.
Le chiffre de Vernam (ou masque jetable) est un chiffrement symétrique utilisant, comme le chiffre de Vigenère, une substitution poly-alphabétique. Son efficacité réside dans le choix de la clé de chiffrement, qui doit respecter plusieurs règles fondamentales :
Le mot que l'on va chiffrer est "Algorithme", et la première étape du chiffre de Vernam est de créer notre clé en respectant les trois contraintes. J'ai donc généré de mon côté une clé de chiffrement (que je n'ai jamais utilisé avant, qui fait la même taille que le message et que j'ai choisi aléatoirement) : "shrtvsgviw".
Le mode de fonctionnement du chiffrement et du déchiffrement est exactement le même que pour le chiffre de Vigenère, je vous invite donc à la lire la partie exemple à ce propos.
Finalement, j'obtiens comme texte chiffré "Ssxhmazcua".
On peut tout à fait reprendre le même pseudo-code que le chiffre de Vigenère pour la partie chiffrement/déchiffrement, en revanche, il nous faut une nouvelle fonction permettant de générer notre clé :
creerCle :
Tant que la clé générée a déjà été utilisée
Pour chaque lettre du message
Generer une lettre aléatoire pour notre clé
Pour savoir si on a déjà utilisé une clé, plusieurs solutions s'offrent à nous. On peut tout d'abord utiliser un simple tableau qui stockera toutes les clés utilisées, et à chaque fois que l'on en génère une nouvelle, on vérifie qu'elle n'est pas dans notre tableau avant de l'ajouter. Il est aussi possible d'améliorer cette solution en utilisant une recherche dichotomique, nous permettant dans notre tableau (trié par ordre alphabétique) de chercher rapidement si une clé a déjà été générée ou non.
L'implémentation en C d'un programme générant une clé de chiffrement pour le chiffre de Vernam :
#include <stdio.h>
#include <ctype.h>
#include <time.h>
#include <stdlib.h>
#include <string.h>
#include <stdbool.h>
#define TAILLE_MAX 1000
#define NB_CLE_MAX 1000
char message[TAILLE_MAX];
char cle[TAILLE_MAX];
char utilisee[NB_CLE_MAX][TAILLE_MAX];
int nbCle;
void initCleUtilisee(void)
{
FILE *fichierCle;
fichierCle = fopen("cle_utilisee.txt", "r");
nbCle = 0;
while(fscanf(fichierCle, "%s\n", utilisee[nbCle]) != EOF)
++nbCle;
fclose(fichierCle);
}
bool estDejaUtilisee(void)
{
int iCle;
for(iCle = 0; iCle < nbCle; ++iCle)
if(strcmp(cle, utilisee[iCle]) == 0)
return true;
return false;
}
void creerCle(void)
{
int iCle, iLettre;
do
{
iCle = 0;
for(iLettre = 0; message[iLettre] != '\0'; ++iLettre) {
if(isalpha(message[iLettre])) {
cle[iCle] = (rand() % 26) + 'a';
++iCle;
}
}
cle[iCle] = '\0';
} while(estDejaUtilisee());
}
void ajouterCle(void)
{
FILE *fichierCle;
fichierCle = fopen("cle_utilisee.txt", "a");
fprintf(fichierCle, "%s\n", cle);
fclose(fichierCle);
}
int main(void)
{
scanf("%[^\n]s\n", message);
srand(time(NULL));
initCleUtilisee();
creerCle();
printf("%s\n", cle);
ajouterCle();
return 0;
}
En entrée :
Algorithme
La sortie que j'ai obtenue (elle change à chaque fois) :
shrtvsgviw
Le fichier de clés qui ont déjà été générées (et donc inutilisable maintenant) :
dovcexdoba
ckdexeiezr
zmagzxogpx
unrhlaiurn
imizbftejl
ewqeuyhcro
concvckybe
oplngklamk
mwesglgezw
ervpcfgzqj
jyivvrlokb
duunlvvlkt
amyopgkotw
wfwwnvpjvn
qssplvtpkj
shrtvsgviw
J'utilise une simple recherche (et non une recherche dichotomique) car le nombre de clés que je vais manipuler est assez faible (j'ai fixé une limite virtuelle à 1000 clés).
Les attaques du chiffre de Vigenère (ou du chiffre de César) ne sont plus possibles sur le chiffre de Vernam, et c'est ce qui le rend incassable :
Notre algorithme de chiffrement est donc techniquement impossible à casser si les règles permettant de choisir une clé de chiffrement sont respectées. Cependant, suivre les contraintes peut parfois être difficile :
rand
utilise un algorithme
de génération de nombre pseudo-aléatoire basé sur des congruences et
une fonction linéaire, et il est possible de deviner le résultat si l'on
connait la graine initialisée avec srand
. Une solution
permettant de générer une clé totalement aléatoire serait d'utiliser des
phénomènes physiques dont le résultat ne peut être déterminé à l'avance
comme des bruits
thermiques, des bruits
atmosphériques ou encore une réaction
radioactive.Le chiffre de Vernam est donc un algorithme de chiffrement symétrique offrant une sécurité optimale si les contraintes de cet algorithme sont respectées. Mais pour que son efficacité soit à son maximum, il faut disposer d'importantes ressources afin de créer un générateur totalement aléatoire, mais aussi un système assurant une utilisation unique des clés de chiffrement générées. Cependant, même avec un algorithme de chiffrement incassable, un problème persiste au niveau de l'échange de clé. En effet, tous les algorithmes de chiffrement symétriques nécessitent un échange de clé entre les deux personnes souhaitant communiquer afin de pouvoir chiffrer et déchiffrer les messages échangés. Mais c'est justement cet échange qui pose problème, car comment être sûr que personne d'autre ne connait la clé ? Comment la transmettre en toute sécurité ? L'intérêt d'un algorithme de chiffrement symétrique est donc limité, car si notre adversaire connait la clé de chiffrement, on aura beau mettre en place un algorithme de chiffrement incassable comme le chiffre de Vernam, il pourra sans aucunes difficultés comprendre les messages secrets. C'est pourquoi des mathématiciens ont travaillé sur de nouveaux algorithmes dit asymétriques (comme le RSA), ne nécessitant alors aucun échange de clé et rendant les communications secrètes bien plus sûres.